La Vague
Que voir derrière la splendeur de ce corps nu,
Comme submergé par une vague violente ?
Est-ce la douleur dont le cri est retenu
Ou bien du plaisir la soudaine déferlante ?
Lorsque se dessine cette arche de beauté
Qui creuse ces reins, qui chacun des membres tord,
Je ne puis que louer le ciel, moi, pauvre athée,
Car je suis coupable d’un grand désir, si fort,
Me faisant perdre pied et exposant mon âme
À l’enfer de cette sournoise tentation
Sous les courbes délicates de cette femme
M’emportant sur les chemins de la perdition.
Mais si c’est un mal qui la ronge, qui la mord,
Bouleversé, je sens mon coeur se déchirer
Et ne puis éprouver que de profonds remords
De n’avoir pensé, honteux, qu’à la désirer.
Si seulement j’avais pu voir son doux visage,
Aurais-je pu alors lire ce qui l’étreint ?
Une moue, un sourire, comme heureux présage
D’un doux moment à venir, sensuel et serein ?
Ou au contraire du supplice la grimace
Dont la pénible expression déforme les traits,
Effaçant de joie, de quiétude toute trace
Pour ne laisser qu’un sombre masque qui effraie ?
Se pourrait-il que le plaisir et la douleur
Se rejoignent dans une semblable expression,
Nous faisant confondre pour notre grand malheur,
La jouissance avec une vile punition ?
Aussi, laissez-moi rêver que ce joli corps,
Par ses courbes sensuelles, hymne à la beauté,
Récolte du plaisir les secrets, les trésors,
Bien loin de tout démon, de toute cruauté,
Au cours du plus beau et magnifique voyage,
Celui qui nous emmène dans ce Paradis
Où le temps est comme suspendu, doux nuage,
D’où sont bannis les tabous et les interdits,
Et la seule souffrance, la seule douleur
Ressentie lors de cet éphémère transport
N’est sans doute que le désespérant malheur
Que ces doux moments point ne durent, triste sort !
Anthony Majerès, le 31/03/2016 (alexandrins)