La porteuse d'eau
On raconte qu’il existe, dans les déserts,
Un bon génie qui, sous les doux traits d’une femme,
Aide les voyageurs qui ont soif, ô misère,
Qui sont perdus, pris au piège d’un sort infâme
D’une terre bien plus hostile qu’un enfer
Plus chaud que le four d’où sort de la faux la lame!
Elle arpente sans relâche ces étendues
Où toute vie s’étouffe et la raison se perd,
Où s’égarer et renoncer est défendu,
Où, à bout de forces, la chose qu’on espère
Dans cette existence, là, comme suspendue,
C’est qu’un miracle arrive, un ange et sa lumière !
Elle porte une longue robe couvrant des échasses
Car ses yeux doivent voir plus loin que l’horizon
Pour apercevoir ce qu’elle guette et pourchasse :
Le désespoir qui mène à la triste oraison,
Lorsque volonté et espérance s’effacent
Et que la seule solution, c’est l’abandon.
Est-elle envoyée par une divinité
Qui serait sensible à nos appels au secours
Veillant sur les âmes par la mort acquittées
Et dont le seul dénouement et le seul recours
Est l’arrivée, pour que trépas soit évité,
D’un sauveur nous ôtant des griffes des vautours.
Elle ne porte pour bagage qu’une palanche
Au bout de laquelle se balancent des seaux.
Point de beaux atours, rien d’autre que ce long manche
Et de quoi transporter un précieux trésor : L’eau
Car sans cette source aucune soif ne s’étanche
Et chacune des gouttes est comme un ruisseau.
Elle est l’espoir et la seule chose qui compte
Lorsque la détresse devient trop lourd fardeau.
Serait-ce l’ange idéal pour que l’on surmonte
Le désespoir qui nous pousse à faire un grand saut?
Ou serait-ce une légende sortie d’un conte,
Une âme bienveillante : La porteuse d’eau ?
Anthony Majerès, le 09/01/2016 (alexandrins)