top of page

Frustration

Comme un réflexe, l’envie de chasser la crainte,

Dès mon réveil, malgré du sommeil la contrainte,

Je regarde ma main, tente de la fermer,

J’essaie de bouger mes doigts, ils sont enfermés

Dans un pansement qui mon bras immobilise

Et qui toute mon attention mobilise.

 

Entre deux sommes, la question reste présente :

Cette opération est-elle satisfaisante ?

Était-ce un échec ou bien une réussite ?

Quelle rééducation cela nécessite ?

Ce n’est qu’à la vue d’un sourire bienfaisant

Que les angoisses disparurent, m’apaisant.

 

Est-ce privé des choses que l’on prend conscience

De leur valeur et de notre grande insouciance

De ne pas savourer plus tous ces petits riens

Ces petits trésors qui font notre quotidien ?

 

Ce bras lourd qui semble ne plus m’appartenir

Et ces doigts gourds qui ne peuvent plus rien tenir

Cette main qui ne peut plus serrer aucun manche !

Ô frustration ! Tu me blesses pour que je flanche ?

Mes instruments d’où ne sort plus aucun murmure

Ne sont alors que trophées accrochés au mur ?

 

Alors que reposé, tout mon esprit bouillonne

Et des mélodies dans ma tête tourbillonnent !

Je ne peux hélas leur donner vie sur mes cordes

Car la guitare, d’une main point ne s’accorde.

C’est le silence qui remplace la Musique

Me dépouillant de ce besoin presque physique !

 

Est-ce privé des choses que l’on prend conscience

De leur valeur et de notre grande insouciance

De ne pas savourer plus tous ces petits riens

Ces petits trésors qui font notre quotidien ?

 

Alors je me nourris de vidéos de Blues,

Rêvant de solos sur ces mesures, les douze,

Celles qui composent la musique sacrée

Qui me transporte et auquel je veux consacrer

Mes premières émotions d’humble musicien,

Fidèle en étant un dévoué praticien.

 

Alors que j’espère cet état temporaire

Il est autour de nous de pauvres grabataires,

Des personnes marquées par la vie dans leur chair

Qui, pour n’avoir que mes petits maux, paieraient cher

Et dont le handicap n’est pas que passager,

Dont la guérison ne peut être envisagée.

 

Ce n’est pas juste aujourd’hui que je prends conscience

De la valeur des choses, de ma grande chance.

Et qui suis-je pour m’apitoyer sur mon sort !

Moi dont le quotidien est rempli de trésors !


 

Anthony Majerès, le 20 Mars 2012  (alexandrins)

Réveil après une

opération du bras

gauche (nerf cubital

et canal carpien)

immobilisant mon

membre durant 3

semaines (or

rééducation).

Suite...

 

Libre ! Enfin libre ! Fini le carcan pénible 
Qui rendait la moindre guitare inaccessible
Comme un supplice, une épreuve sur mon chemin,
Celui de la guérison de mon bras, ma main,
Me faisant subir la pire des frustrations :
Ne pouvoir jouer que dans mon imagination
De toutes mes guitares accrochées au mur
Muettes, ne faisant pas le moindre murmure !
Mais hélas, même libéré de son attelle,
Mon bras reste raide, ne plie pas, se rebelle
Et veut sans doute me faire payer très cher
L'emprisonnement, la blessure dans sa chair !
Mais rien qui me décourage, alors, sans attendre,
Je prends le manche de ma Fender pour entendre 
Mes premières notes de Blues depuis bien longtemps
Qui résonnent et qui me bouleversent tant !
Un peu gauche, ma main ayant moins d'assurance,
Je joue et pour moi, c'est une vraie délivrance !

 

Anthony

 

Le 17/02/2014 (alexandrins)

bottom of page