Fléau
Quelle lourde page, de chaos et de morts,
Nous devons tourner là, en cette fin d'année !
Deux mille vingt est à oublier sans remords
Tant elle fut sombre, tourmentée et damnée.
Horrible fléau, ce virus s’est répandu
Partout sur le globe et stoppant l’humanité
Dans sa course après le temps, si folle, éperdue,
Réduisant à néant orgueil et vanité.
Alors que l’homme est en détresse, la Nature
Semble trouver là un répit, doux, salutaire !
Y-a-t-il dans ce monde une autre créature
Qui s’acharne à piller, à ruiner notre Terre ?
Une question m’obsède : Est-ce que l’être humain
Est la maladie qui ronge notre planète ?
Les fléaux sont-ils le seul remède ou moyen
De nous faire entendre raison par la défaite ?
Malgré le tumulte de ces vagues mortelles,
De belles choses sont nées, dans les coeurs, les têtes,
Le soutien, le respect qu’on voudrait immortels
Pour nos soignants toujours debout dans la tempête.
La pandémie aura aussi semé en moi
Un doute bien tenace, une grande méfiance
Vis-à-vis de ceux qui ont géré à la fois
Notre sécurité et, tout empreints de science,
Les meilleurs traitements pour guérir les malades,
Faisant taire là des docteurs ou professeurs,
Là des sages, tournant leurs propos en salades,
Pour faire des labos nos uniques sauveurs !
Lorsque des grands profits riment avec santé,
Et lorsque vaccin rime avec argent, finance,
Nous ne pouvons être que désorientés
Et avoir bien du mal à donner sa confiance !
Notre monde a changé, tout est bouleversé !
Notre culture est en berne, bien moribonde,
Nos fleuves ont grossi par les larmes versées,
Et nos plaies resteront béantes et profondes.
Les artistes sont tous réduits au dur silence,
Nombre d’artisans sont démunis, sans ressources.
Quel triste sort, quelle douloureuse sentence
Lorsque de tous les arts se tarissent les sources !
Et tous ces visages qui restent anonymes
En partie amputés par le masque essentiel,
Cachant les sourires qui nos jours illuminent,
Rendant prisonniers nos baisers, immatériels !
J’espère que cette nouvelle année pourra
Nous libérer de ce fléau, nous délivrer,
Pour pouvoir à nouveau serrer fort dans nos bras
Nos proches et de ces étreintes s’enivrer !
Anthony Majerès, le 1er Janvier 2021 (Alexandrins)